Bohuslav Reynek – Poèmes

Koleda

Neige, neige, neige. Soir, le soleil se couche. Grands fûts branches nues – les petits épicéas en file sous la neige, simples cônes clairs comme des seins. L’hiver est une louve blanche et hirsute aux pattes noires, couchée – Déesse lascive de fécondité. Elle dresse les pattes (les branches des arbres sont aiguisées comme des griffes) et le soleil pourpre, c’est la langue dans sa gueule ouverte, luisante de sang. Les nuages, chiots gris, se baissent et sucent les mamelles, innombrables et gonflées, de la bête sauvage. La louve – yeux de braise et dents de glace transparente. Sa beauté dépasse l’entendement, elle est couchée à l’entrée de la Crèche de Noël et fait hurler la terrible et parfaite flûte de la faim pour accompagner le psaume des Anges sur la vallée… Fait hurler la musique de la chute et du péché pour accompagner le chant souverain de la paix.

Bohuslav Reynek
Traduit par Xavier Galmiche
In : Had na sněhu Le serpent sur la neige

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